Titre : Burning pour clarinette, piano, violon, violoncelle
Compositrice : Edith Canat de Chizy
Dédiée à Françoise Thinat, cette pièce est une commande du Concours International de Piano d’Orléans 2008 et a été créée à cette occasion le 4 Mars. Nous avons, avec Françoise Thinat, beaucoup réfléchi à cette formation qui correspondait pour moi au désir d’écrire une œuvre comportant les mêmes instruments que le Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen, clin d’œil au centenaire de sa naissance célébré cette année [2008]. La comparaison s’arrête là. Ma façon éruptive et violente de traiter ces instruments est loin de l’univers généralement extatique du quatuor de Messiaen. C’est une œuvre de musique de chambre où l’écriture de piano est traitée à importance égale de façon fusionnelle avec les autres timbres.
Burning trouve son origine et son enracinement dans l’univers de William Butler Yeats, poète irlandais mort en 1939, plus particulièrement des vers de son poème Vacillation :
« C’est entre des extrêmes
Que l’homme va son cours.
Tisons, souffles de feu
Surviennent, qui détruisent
Ces puissances contraires
De la nuit et du jour »
Univers imprégné de la tragédie de la révolution irlandaise : trois thèmes traversent la poésie mystique de Yeats : le feu, le chant, la joie, The final joy. Le feu, l’éclair, consume pour une renaissance, le chant est cet espace privilégié d’une connivence entre l’absolu et le monde tel qu’il est, il en est la réconciliation. The final joy s’exprime par la danse, le rythme, qui est l’exaltation de l’instant, le triomphe de la vie.
Ainsi s’articulent les trois moments de cette pièce parcourue d’ostinatos, allant de la stridence à la mélodie, de la fulgurance à l’oscillation jusqu’à l’élimination progressive des éléments « pour que toutes choses s’effacent ».
Note d’intention d’Édith Canat de Chizy
Commande d’Orléans Concours International pour le 8e Concours international de piano d’Orléans
Après avoir poursuivi des études d’art, d’archéologie et de philosophie à la Sorbonne, Edith Canat de Chizy obtient successivement six premiers Prix au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, dont celui de composition, et s’initie à l’électroacoustique au Groupe de Recherches Musicales. Elève d’Ivo Malec, elle fait en 1983 la rencontre décisive de Maurice Ohana à qui elle consacrera avec François Porcile une monographie en 2005 aux éditions Fayard.
Dans l’œuvre de cette violoniste de formation, qui comporte à ce jour plus d’une centaine d’opus, la musique concertante occupe une place de choix : Moïra, concerto pour violoncelle, primé en 1999 au Concours Prince Pierre de Monaco ; l’année suivante, Exultet, concerto pour violon créé en 1995 par Laurent Korcia, est nominé aux Victoires de la Musique ; Les Rayons du jour, concerto pour alto, est créé en février 2005 par Ana Bela Chaves et l’Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach et dernièrement Missing, son deuxième concerto pour violon, créé par l’Orchestre National de France le 23 Mars 2017.
Parmi ses œuvres marquantes, pour la plupart commanditées par l’État, Radio France, l’Orchestre de Paris, l’Ircam, des ensembles tels que Musicatreize, Solistes XXI, Nederlands Kamerkoor, Sequenza 9.3, Accentus, TM+… On notera particulièrement ses pièces vocales, dont Canciones pour douze voix mixtes (1992), l’oratorio scénique Le Tombeau de Gilles de Rais (1993) – Prix jeune talent musique de la SACD en 1998 – le spectacle de Blanca Li Corazon loco monté au Théâtre National de Chaillot en janvier 2007, ses quatre quatuors à cordes : Vivere (2000), Alive (2003), Proche invisible (2010), En noir et or (2017), ses pièces pour orchestre dont Omen, créé en octobre 2006 par l’Orchestre National de France, Pierre d’éclair, créé en mars 2011 par l’Orchestre National de Lyon, ainsi que ses œuvres avec électronique, Over the sea, créée le 11 Mai 2012 au Festival Manifeste de l’IRCAM et Visio (9 Février 2016) au Festival Présences de Radio-France.
Elle a été plusieurs fois en résidence, notamment à l’Arsenal de Metz, auprès de l’Orchestre National de Lyon et au Festival de Besançon où sa pièce pour grand orchestre Times a été imposée à la finale du Concours International des Jeunes Chefs d’Orchestre 2009, et créée par le BBC Symphony Orchestra.
De nombreuses distinctions sont venues couronner son œuvre : Prix de la Tribune Internationale des Compositeurs (pour Yell, en 1990), Prix Paul-Louis Weiller de l’Académie des Beaux-Arts (1992), Coup de cœur de l’Académie Charles Cros pour son CD Moving, Prix Jeune Talent Musique de la SACD, plusieurs prix décernés par la SACEM dont le Grand Prix de la Musique Symphonique en 2004. Élue à l’Académie des Beaux-Arts en 2005, présidente en 2016, Edith Canat de Chizy est la première femme compositeur membre de l’Institut de France. Après avoir dirigé le Conservatoire du 15e arrondissement de Paris et celui du 7e arrondissement, elle a enseigné la composition au CRR de Paris jusqu’en 2017. Edith Canat de Chizy est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre du Mérite et Commandeur des Arts et lettres. Elle reçoit en 2016 le Grand Prix du Président de la République de l’Académie Charles Cros pour l’ensemble de son œuvre.
Source : Site internet d’Edith Canat de Chizy
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